Chercheurs et start-up : un mariage qui gagnerait à être connu !

On le sait : la recherche est essentielle au développement des entreprises. Mais, pour une start-up, qui n’a pas les moyens d’une entreprise du CAC 40, il est difficile d’investir dans la recherche et d’en récolter les bénéfices à court terme. Certains chercheurs créent eux-mêmes leurs start-up. Mais qu’en est-il des entrepreneurs dont la « bonne idée » de départ nécessite un supplément scientifique ?

L’opportunité (la chance !) de se tourner vers de jeunes chercheurs(euses) postdoctoraux est trop méconnu, alors que ce partenariat, cette alliance entre l’entreprise et la recherche, crée une véritable émulation, bénéfique aux deux parties.

De l’extérieur, ces deux mondes peuvent sembler éloignés, et leurs objectifs incompatibles. La science peut paraître opaque pour les dirigeants de start-up, et la durée de la recherche trop longue pour que ses résultats soient applicables au marché et rentables dans un temps court. Pourtant, le long terme doit être envisagé comme une force, et les premiers résultats, même partiels, sont déjà un apport exploitable pour la jeune entreprise.

Un « work in progress » conjoint où les intérêts de chaque partenaire se voient stimulés : le chercheur avance pour soutenir l’entrepreneur, l’entrepreneur est motivé par les avancées du chercheur.

Pour naître, ce « couple » a besoin d’« entremetteurs »  comme l’AMIES, l’Agence pour les Mathématiques en Interaction avec l’Entreprise et la Société. Depuis ma rencontre, grâce à ce facilitateur, avec des mathématiciens, je réalise tous les jours à quel point le travail conjoint chercheur/entrepreneur est porteur et enrichissant.

Comment ça marche l’association entre chercheurs et start-up ?

Le jeune docteur est missionné, sous contrat avec un laboratoire, pour travailler sur certains aspects innovants du projet de l’entreprise, et ce, sous la tutelle d’un chercheur expérimenté. Directement nourri de la problématique de l’entreprise, le jeune chercheur travaille sur les aspects recherche et développement et bénéficie donc de la double expérience de l’entreprise et du laboratoire, expérience à la fois pragmatique et théorique, à la croisée des « deux mondes ».

Une start-up est souvent soumise à l’immédiateté pour convaincre le marché, mais elle se doit aussi de se projeter dans le long terme en explorant, dès ses débuts, tout le champ des possibles de son projet. Le chercheur, en concertation avec l’entreprise est là pour ces objectifs secondaires mais primordiaux : il commence généralement par effectuer un état de l’art, puis une analyse exploratoire des données opérationnelles afin de préciser une orientation de recherche en lien avec la problématique de l’entreprise. Offrant en permanence son regard à la fois externe et interne à l’entreprise, il peut amener à dévoiler un nouveau potentiel de marché, de produit, de solution. Ce regard indépendant du diktat de la rentabilité immédiate peut être précieux pour l’entreprise.

Chose essentielle : pour le chercheur, l’entreprise devient un terrain d’expérimentation, qui lui amène des directions de travail originales souvent encore inexploitées permettant de publier ses résultats de recherche dans de nouvelles directions. Il ne faut pas oublier qu’il travaille à la fois pour son laboratoire, dans l’intérêt de la science, mais également sur un sujet entrepreneurial.

Cette double quête de recherche scientifique et d’entreprenariat n’empêche pas pour autant le jeune scientifique d’être utile à court terme, en sachant prioriser certains travaux innovants pour les produits et les services de l’entreprise.

Long et court terme, recherche et application, ces fiançailles peuvent aussi engendrer un contrat de mariage, puisque le chercheur peut décrocher un contrat dans cette start-up qu’il a contribué à rendre pérenne.

D’autres articles ?